Grossesse : bien comprendre et gérer le diabète gestationnel

Tenez-vous prêts… Bientôt l’arrivée d’un grand gourmet !

La grossesse est une période pleine de bouleversement pour l’organisme d’une femme. En effet, « fabriquer » un bébé 👶🏻 n’est pas de tout repos pour ses propres organes, à qui on demande de s’adapter, mois après mois, aux nouveaux besoins grandissants, pour mener à bien cette mission. Le diabète gestationnel est un dysfonctionnement physiologique observé dans 5 à 10% des grossesses, qui peut intervenir à tous les stades de la grossesse. Nous vous éclairons sur cette pathologie dans ce dossier santé.

Qu’est-ce que le diabète gestationnel ?

Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), le diabète gestationnel se définit comme un « trouble de la tolérance glucidique conduisant à une hyperglycémie de sévérité variable, débutant ou diagnostiqué pour la première fois pendant la grossesse ».

En d’autres termes, le diabète gestationnel est l’incapacité de l’organisme à bien équilibrer le taux de sucre dans le sang (glycémie) pendant la période de la grossesse.

Adaptation ordinaire de la glycémie

Toutes les cellules de vos organes ont besoin de sucre pour créer de l’énergie et remplir leurs rôles respectifs (surtout vos neurones ! 🧠). Après chaque repas, la digestion des aliments permet de mettre des glucides dans votre sang et ainsi les faire circuler dans tout l’organisme. Quand cette glycémie augmente, votre pancréas est alerté et diffuse une hormone appelée insuline pour faire rentrer les sucres dans les cellules, les stocker, les utiliser et ainsi faire baisser ce taux.

Glycémie en cas de diabète gestationnel…

Dans cette situation, la production d’insuline par le pancréas et la reconnaissance de cette hormone par les cellules, pour activer l’entrée et le stockage du sucre, sont altérées. C’est ce qu’on appelle l’insulinorésistance, qui enclenche l’hyperglycémie. Au même titre que tous les bons nutriments dont bébé a besoin pour se développer, le trop plein de sucres est distribué au fœtus, qui lui-même se retrouve en hyperglycémie.

Conséquences du diabète gestationnel non équilibré

Le diabète gestationnel non suivi et non équilibré peut avoir des répercussions, à la fois, sur la maman et l’enfant.

Chez l’enfant

  • Risque de poids de naissance supérieur à 4kg
  • Risque de prématurité
  • Risque accru d’hypoglycémies avec pertes de connaissance, dès la naissance, dues à l’accoutumance fœtale à un apport en sucre très élevé
  • Risque de développer lui-même un diabète, de l’obésité ou une hypertension artérielle

Chez la maman

  • Risque d’hypertension artérielle avec complications
  • Risque de prise de poids non contrôlée
  • Risque de césarienne, d’hémorragies et de déchirures lors de l’accouchement
  • Risque de conserver le diabète sur le long terme

Origines du diabète gestationnel

Certaines femmes ont un diabète méconnu (souvent de type II), que la grossesse va révéler et qui persistera après l’accouchement. 15% des diabètes gestationnels sont en réalité des diabètes non décelés jusqu’ici.

D’autres femmes développent un diabète à l’occasion de la grossesse, trouble qui disparaît (au moins temporairement) après la grossesse.

Il existe des prédispositions génétiques (antécédents familiaux de diabète) et des facteurs de risques qui peuvent déclencher cette pathologie, dont : l’âge (> 35 ans), le surpoids et l’obésité, une prise de poids trop importante pendant la grossesse et le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Mais certaines femmes développent du diabète gestationnel sans aucune raison apparente, simplement car leur corps n’arrive pas à s’adapter à tous les changements dus de la grossesse.

Dépistage du diabète gestationnel

La prise de sang du premier trimestre comprend la mesure de la glycémie à jeun. Si elle est supérieure à 0,92 g / litre de sang, la prise en charge pour diabète gestationnel est immédiate.

Si cette mesure est correcte, un deuxième test nommé HGPO est prévu à la fin du 2ème trimestre. Il s’agit de 3 mesures de glycémie sur 2h, en laboratoire, après l’ingestion à jeun de 75 grammes de glucose pur. Si l’un de ces trois taux est au-delà des valeurs de référence, le diagnostic de diabète gestationnel est confirmé.

Dans les deux cas, dès révélation de la pathologie, une surveillance et des mesures (hygiéno-diététiques et/ou médicamenteuses) sont mises en place par le gynécologue obstétricien, la sage-femme et un diabétologue référent.

Suivi du diabète gestationnel

On vous a diagnostiqué du diabète gestationnel : pas de panique !
Le diabète gestationnel se gère très bien avec quelques conseils à appliquer et un bon suivi de la glycémie au quotidien et par vos accompagnants de santé…

Une surveillance médicale

Une auto-surveillance glycémique sera sûrement mise en place pour contrôler vos taux de sucre dans le sang, au quotidien. Des « dextros » (automesures de la glycémie) seront demandés 6 fois par jour, avant et après (2h) chaque repas. Cela permet à vos professionnels de santé d’évaluer l’équilibre (ou non) du diabète et son évolution, à la suite de l’application des conseils hygiéno-diététiques et ainsi décider d’un éventuel traitement (insulinothérapie) pendant la grossesse.

Nos conseils diététiques

Voici quelques petits conseils alimentaires qui pourraient vous aider à maintenir de bons taux de sucre :

  • Évitez les jeûnes alimentaires (périodes trop longues sans manger), fractionnez vos prises alimentaires avec 3 repas principaux et 2 à 3 collations, à horaires réguliers.
  • Surtout ne retirez pas tous les glucides de votre alimentation, c’est l’erreur numéro #1 à ne pas faire, car votre corps et votre bébé en ont besoin pour fonctionner et se développer ! De plus, vos cellules créeront elles-mêmes davantage de sucres, ce qui explosera votre glycémie (l’inverse de l’effet escompté).

La femme enceinte a des besoins majorés en énergie et en nutriments essentiels. D’ailleurs nous vous conseillons de lire notre guide de l’alimentation de la grossesse, pour comprendre tous les rôles de chaque nutriment pour la croissance intra-utérine de bébé.

Les glucides doivent correspondre à 50% des apports nutritionnels, même en cas de diabète gestationnel, c’est la base de l’alimentation pour apporter de l’énergie. Pour autant, ils doivent être bien dosés et bien choisis…

  • Privilégiez les céréales complètes et les légumineuses (lentilles, pois, haricots secs…). Ils sont riches en fibres et permettent de faire baisser l’index glycémique des aliments et donc de freiner la hausse du taux de sucre dans le sang après le repas.
  • Pour les mêmes raisons, associez systématiquement vos féculents avec des crudités ou des légumes cuits (sur le même repas). À savoir : les fruits et légumes crus possèdent plus de fibres, vous pouvez manger leur peau s’ils sont bio et bien nettoyés, ce qui aidera un peu plus à normaliser votre glycémie.
  • Ne supprimez pas les fruits de votre alimentation ! Ils sont riches en vitamines et minéraux indispensables au bon développement de votre bébé, comme la vitamine C. Pour bien les choisir : les fruits acides, tout comme les fruits riches en eau, sont moins sucrés. Voici une liste non exhaustive des fruits à favoriser : la pastèque, le melon, les agrumes, les fraises, les fruits rouges (myrtilles, framboises, cassis, mûres), la rhubarbe, les pommes acides type « granny », etc.
  • Les compotes ou purées de fruits doivent être choisies « sans sucres ajoutés » et consommées de manière exceptionnelle.

D’ailleurs, retrouvez nos compotes sans sucre ajouté juste ici !

  • Les jus de fruits sont à limiter (encore plus en prise isolée), car ils ne contiennent plus du tout de fibres et font grimper rapidement la glycémie. Les nectars de fruits sont à proscrire de l’alimentation de la femme enceinte diabétique, car il y a ajout de sucre ou du miel. Pour les mêmes raisons, vous devez éviter toutes les boissons sucrées (sodas, sirops…).
  • Évitez les produits sucrés (❌ au revoir gâteaux industriels, bonbons, chocolats, glaces, confitures…). Si tout de même vous voulez en manger, intégrez-les à la fin d’un repas complet, équilibré et varié : ne les mangez pas seuls ! Mélangés aux autres aliments, cela permet de ne pas être absorbés directement dans le sang, mais plus progressivement.
  • Un petit creux ? Vous pouvez manger une poignée de graines oléagineuses comme des amandes, noix, noisettes, noix du Brésil… En plus d’être pratiques à emporter partout, elles sont satiétogènes, riches en fibres et en acides gras insaturés (omega 3 et 6) ! Que de bonnes choses à apporter à votre bébé et votre petite faim sera comblée.
  • Privilégiez les produits non transformés et la cuisine « maison », car beaucoup de préparations du commerce contiennent des sucres cachés ou des produits non conseillés pendant la grossesse (additifs, conservateurs…). Si vous voulez en consommer, lisez bien les étiquettes !
  • Contrairement aux idées reçues, les produits laitiers ne sont pas à exclure en cas de diabète gestationnel ! Privilégiez les produits à base de lait entier : les acides gras du lait font baisser naturellement l’index glycémique. Le lactose (sucre du lait) n’est donc pas votre ennemi. De plus, les produits laitiers apportent des éléments essentiels au développement du fœtus, notamment, des protéines de bonne qualité, des vitamines essentielles (B12, A, D) et du calcium 🦴. Choisissez toujours des produits pasteurisés, pour les risques bactériologiques. Pour les yaourts, privilégiez les yaourts natures ou les moins sucrés (inférieurs à 14g de glucides pour 100g, à lire sur les valeurs nutritionnelles).

En savoir plus sur l’importance de la pasteurisation et ses différences avec la stérilisation dans cet article.

À retenir : la clé pour réussir à maintenir sa glycémie, c’est l’équilibre alimentaire ! Pour apporter tout ce dont a besoin votre petit bébé, mangez varié

Si besoin, faites-vous aider par des professionnels qualifiés (diététiciennes-nutritionnistes, diabétologues…).

Autre conseil : l’activité physique permet aussi de réguler votre glycémie !

Dans le cas d’un diabète gestationnel et en l’absence de contre-indication obstétricale, il est recommandé de pratiquer une activité physique modérée et régulière (environ 30 minutes, 3 à 5 fois par semaine). La marche 🚶‍♀️, (surtout juste après les repas) est votre allié santé, car elle permet de monopoliser de façon douce les sucres dans le sang, pour faire fonctionner vos muscles et donc de faire baisser la glycémie, pensez-y !

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